Nous sommes des êtres de lien, des mammifères grégaires. Nous avons besoin de la famille, du groupe, de la tribu ou de ses équivalents. S’il y a une chose qui a été bien malmenée avec cette crise, c’est bien dans notre tissu social qu’il y a eu les pires dégâts : nos aîné.es isolé.es, separé.es mourant seul.es ; nos jeunes ayant interdiction de se voir, jouer ensemble, faire la fête ; le télé-travail qui rompt les liens entre collègues qui font partie du plaisir au travail ; et nos enfants, surtout, à qui l’on a imposé des restrictions sanitaires disproportionnées et non adaptées à leur âge et à leur besoin de développement.
On apprenait récemment que, de plus, des masques non conformes et possiblement dangereux ont été distribués dans plusieurs écoles et que des enfants ont été contraints de les porter pendant des mois ! Malgré des maux de tête récurrents et des difficultés respiratoires, des réactions allergiques à l’endroit du contact du masque, rien n’a été fait pas les autorités scolaires ou sanitaires. On suit le décret. Et on doit se conformer et se taire. Et comme parent, nous nous sentons impuissants : nos enfants ont envie de voir leurs ami.es, ils ont peur de l’échec, il n’est pas toujours possible ou souhaitable de les garder à la maison.
À l’école les jeunes n’ont plus le droit de s’approcher, de se toucher, de jouer proche ensemble. On les menace d’être responsable de la mort de leurs grands-parents s’ils enfreignent les règles.
À l’intérieur même des familles, les opinions sont fortes, tranchées et divisent. Certains ne voient plus leurs parents, leurs enfants et petits-enfants, leurs neveux et nièces. On se replie sur soi, la peur est maîtresse. Les consignes sont martelées sans cesse, partout.
Alors les liens se brisent, s’étiolent. On s’habitue, dit-on. Et puis ça devient un effort de rester en contact. On essaye de se consoler en se disant que ce n’est pas si pire, sans voir, sous nos yeux, notre société qui éclate. Quand le sanitaire prend le contrôle, quand la peur de mourir (ou d’être tenu responsable de la contamination ou la mort de quelqu’un) mène le bal, on peut facilement contraindre les gens sans trop de révolte.
Mais si nous ne nous dressons pas contre les démesures en place, viendra vite le moment où le mal sera difficile à réparer. Les dommages collatéraux sont déjà considérables : retard de langage, troubles d’apprentissage et d’attachement chez les enfants, tentatives de suicide en augmentation chez les jeunes, addictions en hausse ainsi que toutes sortes de formes de violence, individuelles ou institutionnelles. Plus d’impatience, d’agressivité ambiante.
Au nom du sanitaire, on nous fait croire que c’est correct de casser les liens, les relations, les filets sociaux, la décence, l’accompagnement aux mourants, la santé mentale, le gagne-pain des petites entreprises… On nous enjoint de sacrifier chaque jour encore plus ce qui fait la joie de vivre : les contacts sociaux, amicaux, familiaux ; nos pratiques cultuelles, spirituelles ou religieuses ; nos pratiques de sports, de jeux, de balades.
Toutes nos rencontres sont maintenant codées, même nos relations intimes. (Eh oui, le gouvernement se permet de vous dire comment vous devriez faire l’amour de manière sanitaire.) On ne sait plus si on peut se serrer la main, se prendre dans les bras, se faire la bise. En fait si, on sait qu’il ne faut plus faire tout ça.
Si nous laissons faire cela, nous collaborons à une société future que nous n’aimerons plus habiter.
Une société froide qui se croira propre et qui dictera nos liens. Verrons-nous le jour où câliner un enfant qui n’est pas le nôtre sera mal vu ?
Oui, vus sous l’angle de la maladie, du virus tueur invisible et sournois, l’amour, les liens, ne sont pas sanitaires.
Mais une société sanitaire ne nous empêchera pas de mourir. Et elle engendra d’autres maux que des épidémies qu’elle croira contrôler.
Une société sanitaire tue l’humanité en nous.