Avez-vous, comme nous, l’impression que l’on ne peut plus discuter? Qu’il y a deux camps qui s’affrontent, chacun sur leurs positions, sans possibilité de s’écouter, de questionner ou même d’être dans un désaccord respectueux? Avez-vous remarqué combien il est difficile de parler de ce qui nous arrive collectivement sans qu’il y ait un clivage tranchant dans les positions?
C’est comme s’il n’y avait qu’une vérité, une seule façon de voir la crise sanitaire et qu’une bonne manière de la gérer.
Le ministre François Legault se donne le droit de ne pas révéler les recommandations de la direction de la santé publique et on apprend, après des mois, que selon ces recommandations, les restaurants auraient pu rester ouverts à 50 % de leur capacité d’accueil. Au lieu de cela, combien de petits restaurateurs ont été poussés à la faillite?
Nous croyons que nous avons le droit d’être informé.es adéquatement et que nous sommes, comme adultes, capable de réfléchir. Nous voulons pouvoir questionner les mesures, afficher notre désaccord, entendre différents points de vue.
Nous exigeons un examen objectif des données plutôt qu’un narratif basé sur la peur et sur des projections alarmistes. Nous sommes passés de l’injonction d’« aplanir la courbe » de la mortalité pour maintenant se fier au nombre de « cas » pour décider des mesures sanitaires. Sachant que le nombre de cas ne nous dit rien sur le nombre de malades réels, sur quoi sont basées les décisions gouvernementales? Qu’est-ce qui détermine une zone rouge, orange, verte? Pourquoi les zones orange de mars 2021 ont-elles plus de restrictions que les zones orange de juillet 2020?
Plusieurs médecins, incluant des virologues et des épidémiologistes, ont tenté de faire valoir d’autres approches que celles choisies par le gouvernement. Des pédiatres se sont indignés et ont exprimé leur désaccord sur les mesures imposées aux enfants. Ils ont nommé les risques sociaux et les retards de développement que ces mesures engendrent. Pourquoi ne les a-t-on pas écoutés?
Toute dissidence est balayée du revers de la main et désignée comme complotiste, même quand elle vient de professionnel.les reconnu.es dans leur domaine. Au lieu de cela, nous avons été montés les uns contre les autres, désignés comme bons et mauvais citoyens selon que l’on adhère complètement, ou pas, aux édits gouvernementaux. L’encouragement à la délation, les amendes punitives, l’impossibilité de protester n’ont fait qu’accentuer la fracture sociale.
Notre collectif s’est donné comme objectif de rouvrir le dialogue plombé par les amalgames, la polarisation, le narratif unique, la réduction de la pensée critique et de la remise en question. Nous voulons inclure les voix dissidentes, les contre-pouvoirs, les professionnels de la santé et autres scientifiques bâillonnés par le gouvernement en place et par les médias. Nous exigeons la transparence de toutes les données, car nous considérons que nous avons le pouvoir et le devoir de réfléchir collectivement à ce qui nous arrive plutôt que de laisser cela entre les mains d’un petit nombre. Nous avons le droit – et le devoir – d’être intelligents et nous voulons retrouver la parole sans avoir peur d’être sanctionné.es ou disqualifié.es. Ceci est aussi notre monde, notre société, notre vie. Les mesures sanitaires nous concernent toutes et tous et devraient être proportionnées, justes et démontrées efficaces.
Nous voulons pouvoir discuter à nouveau, calmement, même si nous ne sommes pas toujours d’accord. Nous considérons que le dialogue est non seulement sain, mais essentiel dans une réelle démocratie. Nous pouvons commencer entre nous : parents, ami.es, familles, collègues. Nous pouvons sortir un bâton de parole et laisser chacun.e s’exprimer sans jugement. Nous découvrirons alors que nous ne sommes pas si différent.es, dans le fond, même quand nous ne sommes pas toujours d’accord en surface.
Ouvrons, réouvrons le dialogue, pour la santé de tout le monde.